Des données en veux-tu, en voilà ! Mais comment s’en servir au mieux ? “Notre rôle principal est d’améliorer la performance grâce à la science et à la technologie”, annonce Paul Barratt. Dans un sport où la technologie et les données ont pris le dessus, ce n’est parfois pas simple de sortir quelque chose de concret de tous ces chiffres, qui peuvent pourtant faire gagner quelques watts aux coureurs et ainsi… être plus performants et gagner des courses. Cela se joue parfois à une photofinish ou à des millièmes de secondes sur un contre-la-montre : ce gain de watts est primordial mais il faut savoir où aller le chercher. Rencontre avec notre pôle innovation et support technique.
1 - Une nouveauté pour la saison 2025
C’est une nouvelle cellule et un nouveau département créé depuis cette année dans l’équipe DECATHLON AG2R LA MONDIALE. Cela a toujours été un axe de travail primordial dans l’équipe, mais cela s’est davantage structuré cette année. Un investissement réfléchi et pensé pour mieux performer. Sous la casquette du Pôle Innovation et Support Technique se cachent deux hommes de l’ombre, Paul Barratt, directeur de l’innovation et du support technique, et Mathias Ribeiro Da Cruz, ingénieur de l’innovation et du support technique.
2 - Un lien permanent avec les partenaires techniques
Le rôle principal de ce service est d’être le lien permanent entre les partenaires techniques et les acteurs de la performance, la direction sportive et les coureurs. “On ne fait rien nous même, dans le sens où on ne touche pas au matériel. Par contre, on vient voir les partenaires avec des idées car on sait où la performance doit être. Et c’est ça la clé.” ajoute Paul. Il faut donc aller voir les partenaires avec des idées :
- qui peuvent être déduites directement grâce aux ordinateurs et aux données analysées
- qui peuvent venir directement du terrain suite à des courses et/ou des stages
- qui peuvent être proposées de la part des coureurs, suivant leurs besoins, leurs envies et leurs sensations sur le vélo
Ces idées viennent également parfois directement des partenaires qui ont, eux-aussi, une cellule de recherche et innovation afin d’améliorer leurs produits. L’objectif est de se challenger et de toujours essayer d’améliorer l’existant : “Les relations avec nos partenaires techniques Van Rysel et SwissSide sont vraiment très bonnes, nous sommes alignés sur notre vision de la performance et cela nous permet de viser loin et haut.” décrit Mathias.
3 - Un équipement pensé de la tête aux pieds
La vraie nouveauté avec l’arrivée de Van Rysel dans l’équipe depuis 2024, c’est que nos coureurs sont équipés avec le même partenaire de la tête aux pieds : des gants, au casque en passant par le vélo. “C’est vraiment un plus énorme, car lorsqu’on cherche à améliorer un produit, on ne réfléchit pas individuellement avec le partenaire mais de manière globale. C’est indispensable car chaque élément interagit avec l’autre.” précise Mathias. Cela facilite donc les échanges sur les produits et les interactions entre toutes les parties prenantes.
4 - Les coureurs acteurs de l’innovation
Les coureurs ont donc également leur rôle à jouer, même si “on n’attend pas que les coureurs viennent nous voir pour avoir des idées” précise Paul. Cela a par exemple été le cas avec Stefan Bissegger, spécialiste du contre-la-montre lors de son arrivée dans l’équipe. “On a vu avec lui en amont pour lui proposer le meilleur matériel possible, on a eu plusieurs discussions et fait de nombreux tests.” Quelques échanges ont eu lieu pour travailler notamment sur des prolongateurs personnalisés et adaptés pour Stefan.
Certains coureurs aiment s’intéresser aux données et comprendre les choix effectués, d’autres se laissent un peu plus porter par nos ingénieurs. L’implication des coureurs est également très importante lorsqu’on a des prototypes à leur proposer : leurs retours sont primordiaux pour avancer dans la bonne direction.
5 - Les prototypes et les sessions de tests
Une fois que l’idée a émergé et que notre service recherche et innovation l’a traitée, il faut ensuite essayer de la mettre en place concrètement grâce à nos partenaires techniques, et la phase de production d’un prototype n’est pas la plus aisée. Il faut effectivement arriver, dans un temps imparti, à réaliser un prototype testable et ajustable pour nos coureurs, qui réponde à la demande. “La réalisation d’un prototype est longue et technique, il faut être vigilant”, indique Mathias. On pourrait croire qu’un prototype est un simple objet “test” mais c’est bien plus que cela. Sans prototype, il ne pourrait pas y avoir de matériel adapté aux besoins des coureurs.
Une fois le prototype créé, il faut ensuite organiser une session de tests en vélodrome et/ou en soufflerie. Il y a régulièrement des sessions, notamment en début de saison, mais cela peut arriver lors de stages ou de sessions spécifiques. Cela a été le cas récemment avec le test d’un nouveau casque Van Rysel en soufflerie.
6 - L'analyse de la course
Le staff travaille main dans la main avec notre partenaire SwissSide, qui a développé une plateforme tout en un, permettant à Paul et Mathias d’analyser la course en amont. “La plateforme nous permet de simuler toutes les courses avec les dénivelés, les kilométrages, la météo… on rentre la puissance du coureur et cela nous permet de choisir le meilleur matériel.” Ainsi, tout est calculé au millimètre sur chaque jour de course :
- le choix du vélo (RCR-F et RCR)
- le choix des roues
- le choix des pneumatiques
- le choix des casques
- et bien d’autres détails qui permettent d’améliorer la performance
Toutes ces préconisations de matériel sont ensuite transmises à la direction sportive. Chaque choix peut également être adapté en fonction de la stratégie de course : si on est sur une course par étapes et qu’un sprinteur va passer plusieurs heures dans le gruppetto, on ne va pas lui proposer le même équipement technique et matériel qu’un coureur du classement général, qu’un équipier en montagne ou qu’un coureur destiné à prendre l’échappée.
7 - Collecter des données pour aujourd’hui, et pour demain
Une fois la ligne franchie, rien n’est laissé au hasard concernant la récupération des coureurs mais aussi la récupération des éléments techniques : les crevaisons, météo et chutes sont renseignées et stockées sur la plateforme IPOGEE, ainsi que le matériel associé, de la tête aux pieds. Difficile de porter des conclusions après quelques courses, mais avec le temps, ces éléments collectés permettront de pouvoir déduire certaines caractéristiques de performance sur le matériel, grâce à toutes ces observations. L’objectif est d’ainsi pouvoir avoir un stock de renseignements chiffrés sur toutes les courses et stages effectués, pour pouvoir trouver des convergences et arriver à exploiter toutes ces données.
8 - Acteur dans la stratégie de course, notamment dans les contre-la-montre
Grâce à la plateforme SwissSide et à l’analyse des données, Mathias et Paul sont en mesure de simuler les watts qu’un coureur va produire en course et cela permet ainsi d’adapter la stratégie de course, notamment en contre-la-montre. Cela permet par exemple de simuler différentes configurations de course : départ rapide en début de chrono, monter la bosse à fond, ou au contraire gérer la bosse pour faire une grosse relance… des petits détails stratégiques qui peuvent changer la donne. Ces renseignements sont ensuite transmis à la direction sportive qui, avec toutes ces données en sa possession, prend les décisions stratégiques pour le coureur.
9 - Un rôle à jouer dans le bikefitting des coureurs
C’est un département qui est finalement en relation avec tous les services de l’équipe : mécanique, direction sportive mais également bikefitting avec Alexandre Pacot, entraîneur. “ Notre rôle est de veiller à ce que la position du coureur soit optimisée sur les plans biomécanique et aérodynamique.” précise Paul. La position n’est effectivement pas la même lorsqu’on change de vélo, mais également de discipline (route ou contre-la-montre). Lorsqu’un test de nouveau matériel est fait, il est donc important de bien rester dans les données physiologiques optimales de la position du coureur.
10 - L’innovation, un sujet clé pour l’avenir
Et demain ? Une fois que tous ces chiffres disponibles auront été exploités, que se passera-t-il ? “On peut toujours tout améliorer et optimiser, il suffit d’avoir l’idée, c’est un cercle sans fin”, indique Mathias. Et pour avoir des idées, on peut regarder ce qu’il se fait dans d’autres sports, par exemple en triathlon où les problématiques de sports d’endurance en extérieur sont similaires. Mais on peut surtout compter sur le fonctionnement tripartite de ce pôle. Par exemple, au programme dans les mois et années à venir, une étude sur l’impact des tissus sur l’aérodynamisme et la performance par temps chaud. Quel est le tissu optimal selon la température ? Tant de questions autour de cette thématique thermique auxquelles les experts Van Rysel essayent de répondre. Rendez-vous dans quelques temps pour connaître la suite de l’étude !
L’objectif principal et commun de toute cette stratégie est bien sûr d’optimiser au maximum la performance, grâce aux données récoltées, mais grâce également à de nouveaux projets, réalisés main dans la main avec nos partenaires.